Une étude hydrogéologique permet d’évaluer les caractéristiques des eaux souterraines, leur disponibilité, leurs interactions avec le sol et leur qualité. Elle joue un rôle clé dans de nombreux projets, qu’il s’agisse de la construction de fondations ou encore de la mise en place d’un système d’assainissement non collectif.
Toute négligence lors de cette analyse peut engendrer des erreurs aux conséquences techniques et financières lourdes : mauvaise implantation d’ouvrages, déformation des sols due à des remontées de nappes ou encore pollution imprévue des captages. Voici 5 erreurs à éviter lors d’une étude hydrogéologique !
1. Négliger la collecte de données préliminaires

Toute étude hydrogéologique repose sur une connaissance approfondie du site analysé. Avant même de procéder aux sondages géotechniques et aux essais in situ, il est essentiel de compiler les informations existantes afin de mieux comprendre la structure et la dynamique des aquifères.
Ne pas exploiter ces ressources expose à plusieurs risques :
- Mauvaise estimation du niveau des nappes : une implantation inadaptée des ouvrages hydrauliques peut en découler.
- Erreurs dans l’identification des aquifères : certains horizons perméables peuvent être ignorés.
- Dimensionnement incorrect des captages : une évaluation erronée peut nuire à l’efficacité des pompages.
2. Choisir des points de mesure inadaptés
La localisation des points de sondage et des forages piézométriques est un élément clé pour garantir la fiabilité des résultats d’une étude hydrogéologique. Une implantation mal conçue peut entraîner une interprétation erronée des écoulements souterrains, ce qui risque de compromettre les décisions prises par la suite. Plusieurs erreurs courantes peuvent survenir lors de la sélection des points de mesure, notamment :
- Forages mal positionnés : implantés en bordure de la zone d’étude, ils risquent de ne pas refléter fidèlement les caractéristiques hydrogéologiques du site.
- Profondeur inadaptée : un forage trop superficiel peut ne capter qu’une nappe perchée, tandis qu’un forage trop profond pourrait manquer les aquifères exploités localement.
- Ignorance des influences topographiques : la pente du terrain et la nature du substratum, souvent négligées, ont un impact direct sur les écoulements souterrains.
Une mauvaise localisation des points de mesure peut avoir des répercussions graves. Elle peut entraîner une mauvaise évaluation des paramètres hydrogéologiques, tels que le débit et la perméabilité des aquifères, qui pourraient être sous-estimés ou surestimés. De plus, un forage traversant plusieurs niveaux aquifères sans précautions peut provoquer une pollution des nappes profondes, augmentant ainsi les risques de contamination.
Pour optimiser la localisation des points de mesure, il est recommandé de suivre certaines bonnes pratiques. Réaliser une modélisation hydrogéologique préliminaire permet d’identifier les zones les plus représentatives du site. Varier les profondeurs de mesure offre une vision complète du réseau aquifère et évite les biais liés à une profondeur unique. En parallèle, tenir compte de l’historique des captages et analyser les interactions passées avec le site permet de prévenir les interférences involontaires et d’améliorer la précision des résultats.
3. Sous-estimer l’impact des variations saisonnières

Les niveaux des nappes phréatiques fluctuent en fonction des saisons, des précipitations et de l’exploitation des ressources en eau. Réaliser une étude hydrogéologique à un moment inadapté peut compromettre la fiabilité des prévisions hydriques d’un site, entraînant des conclusions inexactes. Parmi les facteurs clés influençant ces variations, on retrouve :
- Périodes de sécheresse : elles provoquent une baisse significative des niveaux, pouvant laisser croire à une nappe sous-exploitée.
- Forte pluviométrie : une recharge excessive des nappes peut occulter les zones sensibles aux assecs.
- Activités humaines : les prélèvements agricoles et industriels perturbent les équilibres naturels, impactant directement les réserves d’eau.
Ignorer ces variations saisonnières expose à des risques importants. Par exemple, les puits et forages pourraient être mal dimensionnés, les rendant inopérants en période critique. De même, ne pas tenir compte des périodes d’étiage pourrait menacer une ressource en eau considérée à tort comme stable. Enfin, une évaluation incorrecte de la capacité d’infiltration des sols pourrait entraver une gestion durable des ressources.
Pour mieux appréhender ces variations, plusieurs mesures peuvent être adoptées. Effectuer des mesures sur une durée suffisamment longue permet de capturer l’évolution des niveaux d’eau et de mieux comprendre les cycles naturels. Croiser les données actuelles avec des archives historiques aide à dégager des tendances sur le long terme. Par ailleurs, recourir à des modélisations hydrodynamiques offre la possibilité d’anticiper les fluctuations et d’ajuster les stratégies de gestion en temps réel.
4. Négliger la qualité de l’eau souterraine
Dans de nombreux projets, l’accent est souvent mis sur la quantité d’eau disponible, tandis que sa qualité est parfois reléguée au second plan. Pourtant, une analyse approfondie, incluant des paramètres physico-chimiques et bactériologiques, est essentielle, notamment pour les captages d’eau potable ou pour prévenir la pollution des nappes. Les problèmes liés à une analyse insuffisante sont multiples :
- Présence de contaminants : Nitrates, pesticides ou métaux lourds peuvent rendre l’eau impropre à la consommation.
- Risque de corrosion des installations : Un pH déséquilibré ou une minéralisation excessive peut endommager les infrastructures.
- Contamination bactériologique : Des bactéries comme Escherichia coli ou les coliformes fécaux posent des risques sanitaires majeurs.
Négliger ces aspects peut entraîner des conséquences graves, tant sur le plan environnemental que économique. Une eau contaminée peut compromettre la santé des populations locales et rendre inutilisables des infrastructures coûteuses. De plus, une mauvaise évaluation de la qualité de l’eau peut conduire à des décisions erronées, comme l’implantation de captages dans des zones inappropriées.
Pour garantir des résultats fiables, plusieurs bonnes pratiques doivent être appliquées. Effectuer des prélèvements multiples à différentes périodes de l’année permet de tenir compte des variations saisonnières. Confier les analyses à un laboratoire certifié, respectant les normes en vigueur, assure la précision des données. Enfin, croiser les résultats avec les usages envisagés (agriculture, consommation humaine, etc.) permet d’adapter les solutions aux besoins réels.
5. Omettre l’analyse des interactions avec les projets environnants

Tout projet ayant un impact sur le sol peut influencer les eaux souterraines, ce qui rend essentielle une étude approfondie des interactions potentielles. Ignorer ces connexions peut entraîner des conflits d’usage ou des perturbations imprévues, compromettant la viabilité du projet. Parmi les facteurs clés à considérer, on trouve :
- Pompages industriels à proximité, susceptibles d’affecter les niveaux d’eau.
- Zones de protection des captages d’eau potable, qui imposent des contraintes spécifiques.
- Travaux de terrassement modifiant les écoulements souterrains.
Les conséquences d’une mauvaise prise en compte peuvent être graves. Une déstabilisation des nappes peut survenir, entraînant des conflits avec les autorités environnementales ou un assèchement involontaire des aquifères exploités. Pour prévenir ces risques, il est crucial de réaliser une étude d’impact détaillée, de modéliser les interactions hydrogéologiques et de consulter les parties prenantes afin d’éviter tout conflit d’usage. Une approche proactive et collaborative est donc indispensable.
Conclusion
Une étude hydrogéologique rigoureuse doit éviter ces cinq erreurs pour garantir des résultats fiables. En combinant analyse des données, mesures adaptées et modélisation hydrogéologique, il est possible d’assurer une gestion optimale des eaux souterraines et une intégration harmonieuse des projets dans leur environnement.